Description du projet

Le tombeau d’Apollinaire de Xavier-Marie BONNOT chez Petits pointillés

Le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, alias Apollinaire a été mobilisé à sa demande sur le front de la grande guerre en novembre 1915. Il se retrouve à la tête d’une compagnie comme officier, son sergent Philippe Moreau, jeune paysan, a travaillé à la ferme de ses parents, là toute proche de la tranchée à TAHURE, dans la Champagne crayeuse. Il n’en croyait pas ses yeux, l’apocalypse avait frappé, foudroyé, renversé, labouré par le fer son village, sa ferme, ses terres.

Guillaume Apollinaire, le poète, le Parisien, se lia d’amitié avec Philippe Moreau le paysan (instruit car bachelier fait rare à l’époque), Il lui fit lire ses poèmes, qu’il rédigeait sous la mitraille, il l’initia aux mots, à la littérature, Philippe, lui, dessinait les horreurs qu’ils vivaient (avec un talent inné) … L’auteur nous narre cette amitié improbable et ambivalente entre l’officier et le sergent, entre le Parisien du tout Paris, le mondain et le paysan de Tahure, taiseux, pudique, entre la patriote romantique et le soldat du rang qui a tué pour survivre ; ce qui le conduisit, au fur et à mesure des développements sanglants de cette guerre qui devait être courte à la rejeter avec ses généraux coupables.

Blessés tous les deux, d’un éclat d’obus fiché dans le crâne, ils sont rapatriés et soignés à l’arrière. Philippe n’eut de cesse alors de mener la quête pour retrouver son lieutenant.

L’auteur nous entraîne alors sur ses pas dans le Paris de fin de guerre foisonnant d’artistes, d’écrivains de peintres, quartier latin, Montparnasse, le Paris de l’arrière, des planqués, le Paris bombardé par les boches… Il le retrouva son officier et fit connaissance avec tout le cénacle  qu’il fréquentait : Cendras (mutilé au front de la main droite), Picasso, Modigliani, Fernand Léger, Max Jacob, Pierre Reverdy …Cocteau…

Philippe revient au seuil de sa vie à Tahure, ému il murmura ce quatrain d’Apollinaire emporté par la grippe espagnole, le 9 novembre 1918 :

« (…) depuis dix jours au fond d’un couloir trop étroit

Dans les éboulements et la boue et le froid

Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture

Anxieux nous gardons la route de Tahure … »

ROYS François

Une bonne occasion de lire ou relire Apollinaire, notamment son œuvre poétique :  Alcools, Calligrammes, poèmes à Lou, poèmes en guerre… les poèmes Zone, La Chanson du mal-aimé, Le Pont Mirabeau.